Face à la menace d'un Grand Équipement de Spectacle de 10 000 places en bord de Loire,
des habitants d'Orléans et de Saint Pryvé se mobilisent pour préserver l'environnement.
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Compte rendu de l’Assemblée Générale de l’Association de Défense de l’Île Arrault


Date : Le 18 décembre 2015, à 20 h.
Lieu : salle Gauguin, Orléans.

Tout d’abord, Maurice Elain, président de l’Association, souhaite la bienvenue aux 25 adhérents ayant répondu à la convocation à cette AG. C’est l’occasion de rappeler les raisons qui ont conduit à la création de notre Association et les actions que nous avons menées afin de préserver l’environnement du site de l’Île Arrault.

C’est l’inquiétude manifestée par les habitants de Saint-Pryvé-Saint-Mesmin et ceux des quartiers ouest d’Orléans devant la possibilité qu’une salle de spectacle de type Aréna, de 10 000 places, vienne s’imposer sur l’emplacement de l’hippodrome, avant d’envisager le site de l’usine pharmaceutique Famar, ainsi que la dégradation prévisible de l’environnement naturel, qui est à l’origine de la création de l’Association.
Ensuite, c’est l’absence d’informations sur ce sujet (notamment en ce qui concerne les nuisances, la circulation et les stationnements, les coûts, l’avenir de l’hippodrome et des bords de Loire) et l’absence de réponses aux questions posées, tant par l’Association que par la presse ou les élus du Conseil municipal, qui a permis de regrouper quelques centaines de riverains au sein de l’Association.

La première AG, celle de sa création, s’est tenue le 19 mars 2009. Sur la centaine de participants, 70 ont apporté leur soutien à l’Association et y ont adhéré1. Par la suite, l’Association a mobilisé les moyens de communication (deux AG, conférences de presse, invitation de personnes compétentes, panneaux, journaux, pétition) afin de démontrer les effets négatifs du projet municipal, notamment en ce qui concerne les coûts, ceux qui peuvent être connus, ainsi que les coûts induits par la création d’une salle de spectacle, baptisée abusivement salle de sport, de 10 000 places.
De nombreux riverains du quartier de l’hippodrome, mais aussi de Saint-Marceau, se sont alors mobilisés, soit pour s’opposer au projet, soit pour obtenir des réponses. La pétition a rassemblé 10 000 signatures. Cependant le maire d’Orléans, à l’initiative du projet, s’est montré réticent au dialogue avec l’Association et à la consultation des études préalables commandées par la municipalité.


Le financement du projet devait en être assuré par un Partenariat Public-Privé (PPP) dont les conséquences financières ne semblaient pas complètement étudiées. Le 7 décembre 2012, une réunion-débat sur ce sujet, avec M. Alain Goze, conseiller municipal à Châlons-en-Champagne, a permis aux adhérents de mieux appréhender ces conséquences2. Ce PPP obligerait Orléans à verser annuellement un loyer de trois à quatre millions d’euros pendant 30 ou 40 ans. A l’issue de ce temps, la ville deviendrait propriétaire du bâtiment, dans l’état où il serait après cette période de forte utilisation.


La dégradation du site actuel a été un argument prépondérant pour obtenir la mobilisation des adhérents. En effet, la présence d’un sous-sol karstique, présentant de nombreuses cavités avec risque d’effondrement, et la situation dans une zone inondable3 ne semblaient pas avoir été prises en compte lors de l’élaboration initiale du projet. Le lit de la Loire, y compris ses deux rives, est protégé dans le cadre de programme Natura 2000. De plus, le Val de Loire est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. La réalisation du projet se serait alors traduite par la destruction de 11 hectares d’espace vert dans un site naturel, offrant une trame verte au cœur de la ville.

C’est fin 2013 que le projet d’une grande salle de spectacle sur les bords de Loire a été abandonné, certainement dans l’optique des élections municipales de 2014. Le remaniement ministériel, en avril 2013 a vu la nomination de Valérie Fourneyron comme ministre des Sports. Elle a refusé le versement de 20 millions d'euros décidé par le CNDS (centre national de développement du sport) sous la pression de David Douillet qui était alors ministre des sports.
Enfin, l'association "Présence de Jean Tschumi" (architecte de l’usine Famar lorsqu’elle appartenait au groupe suisse Sandoz) a permis le soutien de très nombreux architectes de renommée internationale. Cette mobilisation a contribué à l’abandon du projet orléanais. Cette association est chargée de valoriser l’œuvre de l’architecte Suisse4, notamment de sa seule réalisation en France. Bernard Tschumi, son fils, également architecte (on lui doit le nouveau musée de l’Acropole à Athènes), est intervenu lors de conférences-débats, notamment à la Médiathèque, pour manifester son soutien à l’Association et, notamment, pour demander le classement du bâtiment aux Monuments historiques5.


Successeur de Serge Grouard comme maire d’Orléans, M. Olivier Carré semblait peu convaincu de la pertinence du projet d’Aréna de son prédécesseur. Le bâtiment Famar ayant été vendu à l’Agglomération, il fait l’objet d’une nouvelle destination en essayant d’attirer de jeunes entreprises de hautes technologies sur ses 18 000 m2 modulables. En effet, il a été entrepris une rénovation du bâtiment afin d’accueillir des entreprises innovantes du numérique (en 2016, elles seraient 16 à s’installer sur le site, 24 autres auraient manifesté leur intérêt). Orléans souhaite concrétiser ce projet d’incubateur numérique dans son projet Lab’O suivi par Mme Nadine Poisson au niveau de l'Agglomération.

A ce jour, seule la moitié du bâtiment initial serait utilisée ou prochainement occupée. Des bâtiments de stockage des produits entrant dans la composition des médicaments pharmaceutiques ont été détruits. Dans ce contexte, l’Association souhaite s’impliquer dans ce projet, notamment en déposant des propositions pour l’affectation de la moitié non encore utilisée. Cependant, M. Carré n’a pas souhaité recevoir l’offre de services de l’Association. Seuls quelques riverains ont pu visiter le site mais l’Association n’y a pas été invitée.
Voilà où nous en sommes à la fin de l’année 2015.


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Maurice Elain donne alors la parole à Emilienne Préau pour qu’elle puisse nous donner quelques chiffres sur les finances de l’Association.
  • Compte tenu de l'arrêt du projet "Aréna", il n’a pas été fait d’appel à cotisation en 2014 et 2015.
Les dépenses ont été réduites à l'assurance (154 €), la location de la salle Gauguin (20 €), la cotisation au collectif d'associations de l'Agglo (CCASAAO) (20 €)
  • L’Association possède un compte bancaire de 804,03 euros et un Livret bleu de 11 641,52
  • Au total, le solde créditeur de l’Association s’élève à 12 445,55 euros.
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Maurice reprend la parole pour proposer le renouvellement du Conseil d'administration. D’un accord tacite, l’assemblée reconduit l’actuel conseil d'administration, en nom et en fonction : 
Président : Maurice Elain
Vice-Président : Francis Virot
Secrétaire ; François Nalin
Trésorier : Emilienne Préau

Membres du CA par ordre alphabétique :
- Alain Bisson
- Claudine Cassagrande
- Simone Clément
- Philippe Colmet Daâge
- Roland de Plas
- Michel Desbois
- Raymond Granger
- Maryvonne Lemaire
- François Masse
- Françoise Pudal

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La parole est donnée aux adhérents. Les points suivants ont été soulevés :
  • Le désamiantage du bâtiment Famar a déjà était réalisé ; il ne tombe pas en ruines comme certains l’avaient laissé entendre ; il mérite cependant d’y réaliser quelques réparations ;
  • Un bâtiment annexe (celui de l’entreposage des productions avant leur expédition) a été conservé au cas où certaines activités pourraient y trouver un lieu mais sa destruction peut toujours être entreprise, si nécessaire ;
  • Il y aurait un intérêt pour l’Association, comme acteur local, de participer à l’avenir du site ;
  • La municipalité a un projet de construire un nouveau bâtiment dévolu au sport (notamment le basket) et aux spectacles sportifs près de l’actuel Zénith ; le coût total du projet, sous forme de PPP, serait compris entre 80 et 100 millions d’euros, mais aucune information réaliste n’a été rendue publique ;
  • Le projet prévoit la construction de ce nouveau bâtiment (de 8 000 places) sur une partie du parking, ainsi que la rénovation du Zénith et du Parc des Expositions ; un nouveau parking serait installé à l’est du site actuel.
  • Le projet est discuté au sein d’un cercle restreint autour du maire ; le conseil municipal n’est pas informé et peu de personnes connaissent les raisons qui ont poussé à retenir l’implantation de cette nouvelle salle près du Zénith et du Parc Expo ;
  • La seule dépense connue porte sur une étude préalable pour 500 000 euros dont on ne connaît pas les conclusions ;
  • Le projet initial d’Aréna avait peu d’arguments en sa faveur, notamment en ce qui concerne l’absence de transports (ligne et arrêts) à proximité immédiate ; comme pour le site Famar ou celui de l’hippodrome, la question des difficultés de circulation et de stationnement ne semble pas prise en compte ni dans le projet, ni dans cette étude ;
  • Dans tous les cas, la circulation et le stationnement doivent être étudiés dans un cadre plus général d’urbanisme, ce qui ne semblait pas le cas pour l’Aréna ;
  • Le site du Zénith et du Parc Expo recense peu d’habitants à proximité ; il y aurait alors peu d’opposition au projet municipal ;
  • Afin de suivre le projet de la mairie, il pourrait être envisagé de parrainer la constitution d’une association chargée de défendre les intérêts des habitants du quartier Saint-Marceau concernés par de projet ;
  • Une salle de 8 000 places se justifie-t-elle à Orléans ? pour certains, il serait préférable de répondre aux besoins de la ville et de l’agglomération en petites salles de sport, plus accessibles car plus proches des habitants des quartiers, et certainement moins coûteuses ; c’est le cas pour des projets de rénovation ou de création de piscines sur l’AgglO ;
  • Fleury aurait pu être un meilleur choix pour cette salle mais elle aurait été en dehors d’Orléans ;
  • D’autres sports peuvent être intéressés par un financement public ; à titre d’exemple, Fleury pourrait bénéficier d’une salle de handball pour laquelle le président du magasin Leclerc apporterait deux millions d’euros aux côtés de l’AgglO, du département et de la région ;
  • La ville a besoin de conserver le Zénith et le Parc Expo pour ses manifestations sportives, culturelles et commerciales ; le Zénith ne peut être modifié, sinon il perdrait son appellation Zénith ;
  • Mme Poisson aurait lancé un concours d’architecture (soutenu par l’AgglO et Orléans) en vue de rénover le 5ème étage du bâtiment ; ses voûtes circulaires pourraient être un argument pour valoriser le site ; la création d’un restaurant panoramique semble devoir être privilégiée ; il y a également la nécessité d’un restaurant d’entreprise au profit des personnels employés sur le site ; et, pourquoi pas, un lieu de restauration pour ceux qui visitent la région à vélo, en suivant l’axe Loire à vélo ;
  • La création d’une coulée verte entre les deux ponts serait une belle initiative mais quel serait l’avenir de l’hippodrome ; cette coulée pourrait être étendue jusqu’à Mareau ;
  • L’AgglO a besoin de grands espaces verts à l’exemple de ce qui a été réalisé depuis quelques années sur l’île Charlemagne ; les projets sur l’ancien terrain militaire des Groues ont pris du retard ; etc.
En guise de conclusion, Maurice propose que l’Association devienne un incubateur d’idées apportées par les adhérents et par les riverains ou les Orléanais concernés par les projets de l’AgglO et de la ville. Cela pourrait se traduire par une enquête de voisinage, par des entretiens avec des architectes paysagers en vue de la grande coulée verte, par le lancement d’une étude sur ce sujet, etc.
Cela demande de relancer l’Association en faisant participer les riverains à l’avenir de leur quartier. A cet effet, il sera constitué, au sein du bureau, un groupe de travail élargi aux adhérents et aux riverains qui souhaitent s’y investir. De même, un atelier d’urbanisme public pourrait être créé, avec invitation au dialogue, fabrication de pancartes d’information, etc.
La nouvelle orientation est dans la droite ligne de l’action initiale de l’Association. Il n’est donc pas utile de changer le nom de notre Association.

La prochaine réunion du bureau est fixée dans le courant du mois de février 2016.

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Avant de nous quitter, Maurice invite les adhérents à un buffet composé par la société Saveurs et Talents, organisme privilégiant l’insertion par le travail.

1 En mars 2009, nous étions 70, puis 140 à la fin de l’année, pour atteindre 340 adhérents en 2010 et 375 en 2013.
2 Il faut également rappeler l’intervention, lors de l’AG du 17 juin 2011, de Mme Pascale Rossler, alors vice-présidente de la région Centre, déléguée à la biodiversité, à l’éducation, à l’environnement, à la Loire, au Tourisme et Patrimoine, pour laquelle l’action de l’Association a été une manifestation du bon sens contre la pression exercée par les industriels et les financiers. Et n'oublions-pas la conférence De Patrick Clastres, spécialiste des sports.
3 C’est une zone inondable classée B 3 aléa fort (2 mètres d’eau), un lieu déversoir en cas de crue. Avec le bétonnage du sous-sol pour combler les cavités karstiques, l’eau aurait des difficultés à s’évacuer.
4 Il existe un Prix Jean Tschumi pour la théorie, la critique ou la formation architecturale, décerné tous les trois ans à des professionnels dont les mérites, les talents ou les actions revêtent une portée internationale, dans différents secteurs de l’exercice de l’architecture (Source : Internet).
5 Jean Tschumi a choisi l’architecture domestique plutôt que l’industrielle et opté pour un bâtiment sur sept niveaux (construit entre 1949 et 1953). Le gros œuvre est constitué de béton armé. Le bâtiment comporte une pergola voûtée, un socle en portique ajouré, des murs robustes et ajourés en lits de claustra. Les claustras se superposent avec des hauteurs entre dalles de 3,85 m. L'usine possède une forme parallélépipédique, thème phare au moment de la reconstruction de la France. Le béton armé a subi un traitement expressif sans vouloir imiter la pierre. Les effets sculpturaux proviennent de l’empreinte des coffrages. La granulométrie n'est pas uniforme et des effets chromatiques sont inspirés des techniques de Le Corbusier ainsi qu'un profil fuselé d'Auguste Perret. Un toit en terrasse est une autre démonstration des performances du béton armé. Les voûtes circulaires en voiles minces se réfèrent à Auguste Perret. Elles ont la particularité d’être percées de cercles. Un grand auvent, dont les vagues dirigent la vision vers un panorama de la ville d’Orléans. Dans l’entrée principale est disposée une longue marquise métallique aérodynamique. Le bâtiment était personnalisé jusque dans son mobilier. Le jardin bordant la façade ouest accueillait trois sculptures en bronze de l'artiste suisse Édouard-Marcel Sandoz représentant des ânes. En 2011, le bâtiment faisait l'objet d'un projet de destruction car situé sur le site de la future salle multifonctionnelle orléanaise, l'Aréna. L'association « Présence de Jean Tschumi » diffuse alors un manifeste pour demander le classement du bâtiment (Source : Internet).

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